Comment les CNE s'efforcent de "joindre le geste à la parole" en matière d'inclusion
Dans les rapports de mi-parcours d’Education à Voix Haute, vous trouverez des sous-sections entières consacrées aux "Résultats liés à l'Inclusivité des CNE". Dans le dernier rapport l’on peut lire par exemple "que les 60 coalitions nationales pour l'éducation comptent toutes des organisations représentantes des femmes et des filles et que 57 d'entre elles comptent des organisations représentant les personnes vivant avec un handicap.
Il est également indiqué qu'environ 1/3 des coalitions comptent au moins 50 % de femmes dans leur conseil d'administration et que 7 des 60 coalitions de l'éducation comptent actuellement des représentants de groupes LGBT+.
Lars Udsholt, le chargé du programme EOL au niveau mondial, souligne que la question de l'inclusion interne, du secrétariat de l’Education à Voix Haute, à toutes les organisations et coalitions de mise en œuvre est une question à prendre au sérieux et à considérer comme une priorité.
"Je pense que pour exprimer légitimement le besoin d'une éducation inclusive, il faut joindre le geste à la parole et s'efforcer de devenir soi-même inclusif", déclare-t-il. Et il ajoute : "En outre, pour que les coalitions fassent entendre la voix des groupes marginalisés, ces groupes devraient bien entendu être représentés dans les CNE, car les groupes marginalisés savent mieux que quiconque ce dont ils ont besoin et ce à quoi ils sont confrontés."
Il est nécessaire de "passer à l'action"
Les coalitions nationales pour l'éducation qui travaillent activement à devenir plus inclusives sur le plan interne font écho à cette perspective. Elles souhaitent devenir une voix encore plus légitime dans le débat et dans leur travail de plaidoyer. Elles souhaitent également que les voix et les connaissances des groupes marginalisés soient représentées au sein de leur coalition afin de mieux garantir la qualité et la pertinence de leurs efforts.
L'une d'entre elles est le Réseau de Campagne pour l'Education Pour Tous en Gambie (EFANet), qui s’attèle particulièrement à inclure les femmes dans le processus décisionnel.
"Nous faisons beaucoup pour nous assurer que tous les genres soient représentés de manière égale à tous les niveaux de notre coalition. Pour être très concret, nous nous assurons toujours, par exemple, que si le président du conseil d'administration est un homme, le vice-président doit être une femme. Au sein du conseil d'administration, nous nous efforçons de parvenir à un équilibre et nous sommes heureux de pouvoir dire que nous avons maintenant 5 femmes sur 14 membres du conseil, ce qui, je crois, est un record pour la Gambie où l'on voit généralement beaucoup moins de femmes que d'hommes dans les forums de prise de décision", déclare le coordinateur national d'EFANet, Kebba Omar Jarjusey.
Pour EFANet, il s'agit d'une question de légitimité et il est évident qu'une coalition visant à accroitre le nombre de filles et de femmes bénéficiant d'une éducation de qualité doit elle-même être inclusive sur la question du genre. Elle doit pour ainsi dire "joindre le geste à la parole".
Au Cap Vert, la coalition nationale pour l'éducation, RNCEPT-CV, partage ce point de vue. Elle se focalise particulièrement sur l'intégration des enfants vivant avec un handicap et a vu une différence lorsque la coalition elle-même est représentée par une personne, par exemple, parlant le langage des signes ou qui se déplace en fauteuil roulant.
"Cela signifie que les enfants et les adultes vivants avec un handicap peuvent se reconnaître en nous, ce qui les incite à poursuivre leurs études et à viser des postes importants dans la société. Nous devenons des modèles et à la fois des parties prenantes, et nos propres membres deviennent plus conscients de la nécessité de devenir plus inclusifs", explique le Dr Marciano Monteiro, président du RNCEPT-CV et non voyant.
L'un des moyens est d'élargir la base des membres
En Gambie, l'un des moyens de devenir plus inclusif a été d'élargir la coalition et d'y ajouter des membres représentant des groupes de femmes ou de personnes vivants avec un handicap.
"Nous avons déployé des efforts considérables pour trouver ces petits groupes et organisations communautaires, leur rendre visite, les inviter à des réunions et à des dialogues, les aider à s'enregistrer officiellement auprès du gouvernement et finalement les inviter à faire partie de la coalition", explique Kebba Omar Jarjusey.
En Gambie et au Cap Vert, les coalitions sont désireuses de se pencher également sur les petites choses qui peuvent favoriser l'inclusion ou lui être contraires. En Gambie, la coalition a constaté une forte baisse de la représentation féminine au niveau de la base et ils s'efforcent donc de sensibiliser les communautés locales, d'éliminer les obstacles des normes et pratiques sociales à l'accès et à la participation active des femmes aux réunions.
Au Cap Vert, des efforts sont fournis pour que le réseau soit encore plus inclusif, tout en veillant à ce que les documents importants soient imprimés en braille et que la langue des signes fasse partie intégrante de toute réunion ou événement public. "Nous avons encore de nouvelles étapes à franchir et de nombreux défis à relever. Mais je pense que nous avons les outils pour le faire", déclare Kebba Omar Jarjusey.
Le jeu en vaut la chandelle
Les réactions de la coalition en Gambie, au Cap Vert et dans d'autres pays où des efforts pour l’inclusivité sont démontrés, sont telles que l'effort en vaut la peine.
"Le fait d'être plus inclusif nous a donné une voix plus forte dans les ministères. Nous pouvons à présent légitimement dire que nous représentons toutes les régions de la république et que nous transmettons la réalité et l'opinion d'un public varié, ce qui nous donne un certain pouvoir", déclare Mme Musavvara, coordinatrice nationale de l'Alliance des OSC pour l'éducation (ACTE) au Tadjikistan.
En peu de temps, ils ont accueilli sept nouveaux membres au sein de la coalition afin de mieux prendre en compte les points de vue et les perspectives des régions marginalisées du Tadjikistan. Certains des nouveaux membres sont spécialisés dans l'éducation des enfants vivant avec un handicap, l'éducation des filles ou la formation démocratique des jeunes, ce qui a apporté de nouvelles connaissances et une nouvelle expertise à l'ensemble de la coalition.
"Il a fallu du temps et des efforts pour gagner la confiance et créer un sentiment d'unité entre tous. Mais nous avons aussi réussi à créer un espace où nous respectons et apprécions nos différences et où les membres se sentent à l'aise de partager leurs idées et leurs points de vue personnels. C'est ce qui nous rend beaucoup plus forts qu'auparavant", déclare Mme Musavvara.
Le chargé du programme EOL au niveau mondial, Lars Udsholt, est heureux de découvrir comment les coalitions nationales pour l'éducation travaillent sur l'inclusion interne et qu'il existe des expériences approfondies et des enseignements à partager qui pourraient aider d'autres personnes dans leurs efforts de développement dans ce domaine.
"L'inclusion - et l'inclusion interne - est une pierre angulaire de l'initiative Education à Voix Haute et occupera une place centrale dans la prochaine période de mise en œuvre. Je reconnais que les coalitions nationales pour l'éducation disposent déjà de nombreuses connaissances sur la manière de surmonter les défis et de tirer le meilleur parti d'une plus grande inclusion - et le secrétariat de l'EOL s'efforcera de soutenir le partage des connaissances entre les coalitions", déclare Lars Udsholt.
Qu'avez-vous essayé et qu'avez-vous appris de cela ? N'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires en envoyant un courrier au point focal sur l'inclusion, Martin Wolf Andersen, mwa@oxfamibis.dk.