Le plaidoyer d’un jeune permet la mise en place d’un programme d’alimentation scolaire de la Tanzanie rurale
Point Clés
- En Tanzanie, L'Éducation à voix haute soutient les organisations de la société civile qui plaident en faveur d'une politique gouvernementale donnant la priorité aux programmes d'alimentation scolaire.
- Joshua Mpossa et d'autres jeunes ont reçu une formation sur comment mener un plaidoyer efficace afin d'identifier et de relever les défis de l'éducation dans leurs communautés. C'est ainsi que Joshua a initié un plaidoyer pour que des repas scolaires soient servis dans son ancienne école primaire.
- En 2023, grâce aux activités de plaidoyer de Joshua, le comité de gestion de l'école, les parents, les enseignants et d'autres membres de la communauté ont mis en place un programme d'alimentation scolaire, qui a fait baisser l'absentéisme à l'école.
« Je suis si heureux qu'une cause pour laquelle je militais ait été abordée et que les enfants reçoivent désormais des repas à l'école. »
Joshua Mpossa, Membre du Kuyenda Collective, Tanzanie
Joshua Mpossa voulait apporter un changement positif dans sa communauté. Il savait que son ancienne école primaire ne servait pas de repas à l'heure du déjeuner et y a vu une occasion d'améliorer le bien-être et l'éducation des élèves.
Joshua, qui a fréquenté l'école primaire d'Idugumbi, située dans une zone rurale du district de Mbeya en Tanzanie, sait que lorsque les enfants doivent parcourir une longue distance pour se rendre à l'école, s'ils doivent rentrer chez eux pour déjeuner, il y a peu de chances qu'ils reviennent pour terminer leur journée d'école. Il a donc décidé de passer à l'action.
Joshua se consacre principalement à l'agriculture, mais il travaille également avec Policy Forum, un réseau d'organisations de la société civile tanzanienne qui s'efforce de faire entendre la voix des citoyens pour influencer les processus politiques qui soutiennent la réduction de la pauvreté.
Policy Forum fait partie du Kuyenda Collective, un collectif de jeunes vivant en milieu rural qui s'efforce à améliorer le droit à l'éducation des jeunes des milieux ruraux au Malawi, au Mozambique, en Tanzanie et au Zimbabwe. Le Kuyenda Collective est soutenu par L'Éducation à voix haute, le fonds du GPE dédié au plaidoyer et à la responsabilité sociale, géré par Oxfam Danemark.
En tant que partenaire de mise en œuvre du Kuyenda Collective, le Policy Forum a formé Joshua et 13 autres jeunes tanzaniens à la défense des questions éducatives, telles que l'amélioration des infrastructures et des ressources scolaires.
Les stagiaires ont identifié des problèmes rencontrés dans les écoles de leur propre communauté et ont organisé des visites dans chaque école pour parler avec le personnel des difficultés auxquels ils étaient confrontés.
« Nous avons appris à défendre une cause, à recueillir des données, à identifier les problèmes et à déterminer qui doit être impliqué. Par exemple, si nous avons identifié un problème assez mineur pour que la communauté impliquée dans la gestion des écoles s'en occupe elle-même, nous convainquons le directeur de convoquer une réunion de parents d'élèves. Nous discutons alors du problème, après quoi les parents peuvent décider de ce qu'il convient de faire. »
Joshua Mpossa, Membre du Kuyenda Collective, Tanzanie
L'absence de repas scolaires nuit à l'apprentissage des élèves
En février 2023, Joshua a organisé une réunion avec le directeur, Bahati Kombwe, pour discuter des difficultés rencontrées par les élèves de l'école primaire d'Idugumbi.
M. Kombwe a expliqué à Joshua et à d'autres jeunes militants du Kuyenda Collective qu'un grand nombre des 350 élèves de l'école rentraient chez eux pour déjeuner et ne revenaient pas pour les cours de l'après-midi en raison des longues distances à parcourir entre leur domicile et l'école. Parmi les élèves qui restaient à l'école l'après-midi, certains avaient du mal à se concentrer à cause de la faim.
« Lorsque vous n'avez rien à manger à l'heure du déjeuner, vous restez assis en classe et vous ne cessez de penser à combien vous avez faim ; certains s'endorment même. Quand on a mangé, on est capable d'écouter le professeur et de comprendre. »
Jastini Juma, Élève de 7e année, école primaire d'Idugumbi, Tanzanie
Le début du programme d'alimentation scolaire
L'étape suivante consistait à engager des discussions avec le comité de gestion de l'école. Déterminés à trouver une solution durable, les jeunes militants et le Comité ont décidé d'organiser une session parents-enseignants visant à trouver des moyens pratiques de s'assurer que chaque élève reçoive un déjeuner convenable à l'école.
La session parents-enseignants a permis d'encourager la participation de l'ensemble de la communauté scolaire. Parents, enseignants et autres parties prenantes ont uni leurs forces et discuté de l'importance de l'alimentation scolaire pour l'éducation des enfants. Tout le monde s'est accordé sur la nécessité de mettre en place un programme de repas scolaires.
La mise en œuvre du programme a commencé immédiatement, avec la participation enthousiaste de la communauté, comprenant l'impact de sa contribution sur le bien-être de ses enfants.
L'école fournit des équipements de cuisine et engage parfois un cuisinier pour préparer les repas. Les membres de la communauté peuvent contribuer à la préparation des repas scolaires ou se rendre à l'école pour les servir. Un membre du comité de l'école supervise la distribution des repas et veille à ce que les élèves soient nourris.
Depuis le début de l'année 2023, grâce aux efforts de collaboration de la communauté scolaire, le déjeuner est servi tous les jours, sauf le mercredi, qui est un jour d'école plus court.
« J'ai un enfant en 6e année et un autre en 1ère année. J'ai constaté d'excellents résultats depuis la mise en place du programme d'alimentation scolaire, même dans leurs résultats scolaires. »
Elia Mpashila Makwasya, Parent d'élèves fréquentant l'école primaire d'Idugumbi en Tanzanie
Les activités de plaidoyer maintiennent les enfants à l'école
La formation au plaidoyer que Joshua et ses pairs ont reçue par l'intermédiaire du Kuyenda Collective les a soutenus pour devenir des militants actifs et efficaces, allumant une étincelle au sein de la société civile pour contribuer à veiller à ce que l'éducation réponde mieux aux besoins des communautés.
La mise en œuvre du programme d'alimentation scolaire à l'école d'Idugumbi a réduit l'absentéisme scolaire et s'attaque au problème de l'insuffisance nutritionnelle.
« Lorsque le Kuyenda Collective est venu à l'école, il a écouté nos problèmes et nous a donné des idées sur la façon dont nous pourrions fournir de la nourriture aux enfants. Nous avons travaillé sur ces idées et maintenant des repas sont distribués à l'école. »
Bahati Kombwe, Directeur de l’école primaire d’Idugumbi en Tanzanie
Le programme d'alimentation scolaire est un excellent exemple de la façon dont L'Éducation à voix haute peut aider à renforcer la capacité des acteurs de la société civile à s'engager dans la planification de l'éducation et le dialogue sur les politiques éducatives au niveau local ; et à susciter des changements positifs dont les populations vulnérables bénéficient.
Les défenseurs de l'éducation en Tanzanie continuent d'encourager les autorités publiques locales et nationales à donner la priorité aux programmes d'alimentation scolaire.
Ces efforts portent leurs fruits, grâce à une collaboration avec les partenaires de L'Éducation à voix haute en Tanzanie, notamment le Policy Forum, le Kuyenda Collective et le Tanzania Education Network/Mtandao wa Elimu Tanzania (TEN/MET).
« Les efforts de plaidoyer et de mobilisation communautaire de L'Éducation à voix haute sont cruciaux pour soutenir les programmes d'alimentation scolaire, relever le défi majeur des taux d'abandon scolaire dans diverses régions et améliorer les résultats scolaires des élèves. »
Kobia David Simon, Conseiller régional en éducation, L'Éducation à voix haute, Oxfam Danemark
« Si j'étudie bien et que je réussis, je pourrai un jour atteindre mon objectif : devenir médecin. Déjeuner ici à l'école m'aide à me concentrer sur mes études. »
Diana Mwanasenga, Élève de 7e année, école primaire d'Idugumbi, Tanzanie
Cet article a été publié à l'origine sur le site web du GPE. Lire l'article original ici.