Améliorer l'éducation des filles au Zimbabwe

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Respect Tsvanhu, Project Coordinator at FACET
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Teenage mothers attending the Child Rights Conference
Fonds d'éducation pour la communauté agricole
Les mères adolescentes participant à la conférence sur les droits de l'enfant partagent leurs parcours inspirants vers l'autonomisation et l'éducation.

Pourquoi les filles abandonnent-elles l'école au Zimbabwe ? Ces dernières années, les filles et les jeunes femmes des communautés rurales et agricoles du Zimbabwe ont été confrontées à d'énormes difficultés pour accéder à l'enseignement primaire et secondaire de base. Les obstacles qu'elles rencontrent sont multiples, allant de l’obligation de parcourir de longues distances pour se rendre à l'école, à la menace omniprésente des mariages forcés et impact dévastateur de la pauvreté.

De nombreux élèves ont dû marcher jusqu'à 22 kilomètres pour assister à leurs cours, en empruntant des routes et des ponts dangereux qui deviennent impraticables pendant la saison des pluies. Ce trajet ardu, associé à l'absence de moyens de transport fiables, a dissuadé d'innombrables jeunes filles de poursuivre leurs études. En outre, la pratique du mariage forcé, qui consiste à contraindre les jeunes filles à se marier, les a privées de leur enfance, de leur éducation et de leurs perspectives d'avenir.

La pauvreté est également un facteur important, car les familles donnent souvent la priorité aux besoins économiques immédiats plutôt qu'à l'investissement à long terme dans la scolarisation de leurs filles, ce qui entraîne un taux élevé d'abandon scolaire. En outre, le manque d'accès à des produits sanitaires abordables et fiables a exacerbé les problèmes, de nombreuses filles étant obligées de rester à la maison pendant leurs cycles menstruels.

 

Accroître le financement de l'éducation et l'aide sanitaire au Zimbabwe

 

Il fallait faire quelque chose, et un groupe d'organisations s'est réuni pour discuter de la manière d'améliorer la situation des filles dans les communautés agricoles. L'UNICEF, FACET, ECOZI, World Vision et le ministère de l'enseignement primaire et secondaire ont collaboré pour organiser une analyse pré-budgétaire en novembre 2022 afin de discuter d'un nouveau financement de l'éducation. Au cours de la réunion, les OSC ont discuté des moyens d'augmenter le financement de l'éducation et ont soumis un rapport soulignant les lacunes, telles que le manque considérable de serviettes hygiéniques dans les écoles, le module d'assistance à l'éducation de base (BEAM) et la nécessité d'une éducation gratuite financée par l'État, pour que les parlementaires le présentent au gouvernement.

Le budget national a été présenté le 25 novembre. L'analyse post-budgétaire réalisée par un consultant a indiqué que le gouvernement avait augmenté l'allocation du financement de l'éducation de 13 % en 2021 à 14 % en 2022. Les questions soulevées dans le rapport ont été utilisées pour influencer le changement de politique et l'augmentation de l'allocation du budget de l'éducation pour les serviettes hygiéniques, le module d'assistance à l'éducation de base et l'éducation gratuite financée par l'État.

Enfin, l'allocation pour les serviettes hygiéniques est passée de 7,34 millions de dollars à 11,64 millions de dollars en 2023. Le ministère de l'enseignement primaire et secondaire a amélioré les critères de sélection pour le BEAM, en donnant la priorité aux nécessiteux issus des communautés rurales et agricoles marginalisées.

 

Comment accueillir les filles des communautés agricoles ?

 

Cet effort de collaboration a considérablement amélioré l'accès à l'éducation pour les filles et les jeunes femmes dans les communautés agricoles, ce qui correspond au résultat 3.1 du projet GEAR, qui concerne l'amélioration de la réalisation des engagements en matière d'éducation. Ce changement est également important dans la mesure où il réduira les abandons scolaires, puisque le programme BEAM amélioré soutient désormais les familles qui n'avaient pas les moyens d'envoyer leurs enfants à l'école. Une étudiante déclare :

« En tant que fille d'une communauté agricole, l'éducation est mon seul espoir d'un avenir meilleur. Il est difficile de parcourir de longues distances pour se rendre à l'école, et je m'inquiète souvent pour ma sécurité. La menace d'un mariage forcé plane sur moi et il arrive que ma famille donne la priorité à ses besoins immédiats plutôt qu'à mon éducation. Mais je suis convaincue qu'avec un soutien adéquat, comme l'accès à des kits sanitaires et un mentorat, je peux réaliser mon rêve de devenir enseignante.

L'éducation est synonyme d'autonomisation ; cela signifie que je peux briser le cycle de la pauvreté et inciter d'autres filles de ma communauté à poursuivre elles aussi leurs propres rêves ».

- Anonyme

 

Donner aux étudiantes du Zimbabwe les moyens d'un avenir meilleur

 

Un avenir meilleur pour toutes les étudiantes du Zimbabwe est désormais possible en comblant les lacunes liées à  l'accès aux serviettes hygiéniques et en améliorant le programme BEAM afin de mieux soutenir les plus vulnérables.

Grâce à ces efforts de collaboration, les écoles peuvent mieux répondre aux besoins des filles des communautés agricoles en leur offrant des services de conseil, des horaires flexibles pendant les saisons de récolte et des programmes de mentorat qui incitent ces jeunes femmes à poursuivre leurs rêves.

Il est essentiel que les écoles abordent ouvertement les questions des mariages forcés, de la pauvreté et du manque de soutien en matière d'hygiène menstruelle, et qu'elles créent un environnement accueillant pour les filles confrontées à ces défis, en leur donnant les moyens de surmonter les obstacles et de s'épanouir dans leur parcours éducatif.

Cette approche holistique permettra non seulement d'améliorer l'accès à l'éducation, mais aussi de donner à ces filles les moyens de devenir des agents du changement au sein de leur communauté, ouvrant ainsi la voie à un avenir plus inclusif et plus équitable où aucune fille ne sera laissée pour compte.