Tadjikistan : assurer l’inclusion des enfants ayant des besoins spéciaux dans les écoles
Zuhro, la fille de Bibihilola, est née avec une déficience intellectuelle. Les enfants en situation de handicap ont plus de risques d'être exclus de l'éducation et, au Tadjikistan, ils sont confrontés à de sérieux obstacles pour recevoir l'éducation qu'ils méritent.
L'environnement scolaire n'était pas adapté aux enfants handicapés comme Zuhro. Bibihilola a donc dû déployer des efforts considérables pour que sa fille puisse aller à l'école. Elle a consacré beaucoup de temps l’aider avec les cours et a veillé à ce que ses besoins spécifiques en matière de santé et d'hygiène soient satisfaits lorsqu’elle était à l'école.
Malgré ces obstacles, Zuhro est allé à l’école pendant neuf ans et s'y est épanouie. Aujourd'hui, elle a 21 ans et travaille comme commise de cuisine, un métier qu’elle exerce avec plaisir.
« Nos écoles ne sont pas prêtes à accueillir des enfants handicapés. Elles ne disposent pas des infrastructures nécessaires et les enseignants ne possèdent ni le matériel ni les compétences appropriés. Ils ne savent pas comment répondre aux besoins particuliers de ces enfants. »
Bibihilola Mamadyorova
Promouvoir l’inclusion de tous les enfants
Au Tadjikistan, des milliers d'enfants handicapés sont exclus de l'enseignement formel. Un grand nombre d'entre eux restent tout simplement à la maison ou étudient chez eux, en raison des idées fausses sur le handicap et du fait que les écoles et les enseignants ne sont pas bien équipés pour offrir un environnement d'apprentissage adapté à ces enfants.
Les écoles ne disposent pas des infrastructures ni du matériel appropriés et les enseignants n'ont pas reçu la formation nécessaire pour comprendre les besoins de ces enfants et adapter leurs méthodes d'enseignement en conséquence.
Cependant, le gouvernement a pris des mesures importantes pour garantir un apprentissage inclusif. En 2017, le ministère de l'Éducation et des Sciences a mis en place 49 centres de ressources dans des écoles du Tadjikistan afin de soutenir l'éducation des enfants atteints d’un handicap mental ou physique.
Les enfants handicapés fréquentent dans des classes ordinaires et ont accès aux centres de ressources qui contiennent des espaces de jeux, des bibliothèques et du matériel visuel et où l'apprentissage se fait principalement par le jeu.
Les parents participent également activement aux cours dispensés dans ces centres et les enfants peuvent emporter des livres à la maison.
En 2021, afin de continuer à améliorer l'environnement scolaire des enfants en situation de handicap, le ministère de l'Éducation a demandé à l'Alliance des organisations de la société civile du Tadjikistan pour l'éducation (ACTE) d'évaluer l'accessibilité de ces centres et d’émettre des recommandations destinées à les améliorer.
L’ACTE représente une coalition nationale pour l'éducation qui promeut une éducation inclusive de qualité, et est soutenue par L’Éducation à voix haute, le fonds du GPE qui soutient les initiatives de plaidoyer et de responsabilité sociale.
Malgré les bonnes intentions de ces centres, l’ACTE a constaté que les enseignants qui y travaillaient n'avaient que peu ou pas de connaissances dans le domaine de l'éducation inclusive et a donc décidé de prendre des mesures pour combler ces lacunes.
Avec l’aide du financement de L’Éducation à voix haute du GPE, la coalition a organisé des formations de trois jours destinées aux enseignants et aux directeurs d'école qui exercent dans ces centres.
L'objectif de ces formations était d'enseigner aux participants ce qu’est l'éducation inclusive et comment travailler avec les enfants handicapés, pour permettre à un plus grand nombre d'entre eux d'intégrer les écoles ordinaires.
Les formations, qui ont eu lieu en août et septembre 2022, ont appris aux enseignants et aux directeurs comment préparer un plan d'enseignement individualisé pour les enfants handicapés, leur ont donné un modèle qu'ils peuvent facilement suivre, ainsi que des recommandations sur la façon d’aménager les infrastructures scolaires selon les normes de construction internationales.
« Nous avons beaucoup appris pendant la formation. Nous avons approfondi nos connaissances sur le syndrome de Down et l'autisme. Nous comprenons désormais les difficultés que rencontrent les enfants handicapés et nous avons appris à adapter le programme scolaire et nos centres de ressources à leurs besoins. »
Khosiyat Jahonova
Bénéficiaire de l’ACTE
« La formation nous a permis d'échanger nos expériences et nos connaissances. Nous avons créé un groupe WhatsApp pour pouvoir continuer à partager nos idées et nos expériences. »
Gulshan Karimova
Bénéficiaire de l’ACTE
Grâce à la formation, les conditions évoluent dans les écoles et les connaissances acquises sont mises en pratique.
Certaines écoles ont installé des rampes d'accès. Les enseignants ont changé d'attitude à l'égard des enfants handicapés et adaptent le programme scolaire en tenant compte des besoins de chaque élève en situation de handicap.
Faire entendre les voix des personnes marginalisées
« Au Tadjikistan, les organisations de la société civile font partie du groupe local des partenaires de l’éducation. Et comme les représentants de l’ACTE se trouvent dans les communautés, nous pouvons faire entendre la voix de ceux qu’on n'aurait pas entendu autrement. »
Mukhbira Tyuryaeva
Membre de l’ACTE
Le travail des organisations de la société civile (OSC) est essentiel à l'élaboration des politiques en matière d’éducation et pour s’assurer que le gouvernement remplisse son devoir qui consiste à garantir que chaque enfant puisse jouir de son droit à une éducation de qualité.
C'est la raison pour laquelle le GPE, par l'intermédiaire de l’Éducation à voix haute, aide l’ACTE et les OSC à s’engager dans le dialogue sur la politique sectorielle de l'éducation.
« Faire partie du groupe local des partenaires de l'éducation nous permet de savoir ce qui se passe au niveau du ministère. Désormais, les membres de notre groupe sont informés de tout changement dans le secteur de l'éducation. » Mukhbira Tyuryaeva, Membre de l’ACTE
D’importants progrès doivent encore être réalisés pour que tous les enfants en situation de handicap au Tadjikistan puissent suivre et achever une éducation classique au même titre que leurs camarades.
Cela implique de modifier les politiques, de former les enseignants et d’adapter les établissements scolaires pour que ceux-ci deviennent plus inclusifs.
Grâce au soutien du GPE, par l'intermédiaire de L’Éducation à voix haute, des mesures ont été prises dans ce sens, et de plus en plus d'enfants reçoivent l'éducation qu'ils méritent.
« Nous souhaitons contribuer à améliorer l'avenir de nos enfants. Nous voulons que les enfants handicapés puissent bénéficier d'une éducation inclusive. » Khosiyat Jahonova, Membre de l’ACTE