Plaidoyer pour l’éducation pendant la saison des ouragans

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Malene Aadal Bo
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Seth Sidney Berry / Oxfam
Alors que des milliers de personnes subissent les effets de deux grands ouragans qui ont frappé le Honduras et les pays voisins en novembre, la coalition nationale pour l’éducation, Foro Dakar Honduras, s'efforce de fournir une aide d'urgence et un soutien aux communautés durement touchées le long de la côte. 

Les deux ouragans – Eta et Iota – ont en deux semaines dans le mois de novembre touché terre en Amérique centrale, endommageant des cultures et des maisons et provoquant des inondations et des coulées de boue. Après un mois, on estime que 7 millions de personnes, de la Colombie au Mexique, avaient encore besoin d’une aide d’urgence. Bien qu’il se soit abattu sur la terre au Nicaragua, le Honduras semble avoir subi le plus grand nombre de décès. Les tempêtes ont détruit des ponts, des routes, des écoles et des cliniques de santé. Les cyclones ont ralenti au-dessus du Honduras et déversé d’énormes précipitations sur des collines déjà saturées, provoquant de graves glissements de terrain et des inondations. Des familles ont perdu leurs maisons, leurs fermes et leurs entreprises.

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Le Forum Honduras Dakar a été créé en 2001 par l’initiative du Conseil d’Amérique Latine pour l’Éducation des Adultes (CEAAL), après que le Honduras eut signé l’engagement en faveur de l’Education Pour Tous à Dakar, Sénégal (2000).

Le Forum Honduras Dakar est le nouveau membre de la Campagne Latino-Américaine pour le Droit à l’Éducation. Le Forum est la voix des organisations de la société civile et vise vise à plaider pour que le droit de l'homme à l'éducation devienne une réalité au Honduras.

Le site Web forum Honduras Dakar

"De centaines de milliers de Honduriens sont toujours – après plus d’un mois – entassés dans des abris. D’autres vivent avec des amis et des parents. La situation est encore pire pour ceux qui vivent dans les communautés difficiles à atteindre le long de la côte. Nous savons qu’ils sont gravement touchés, mais ils sont dans une grande mesure, livrés à eux-mêmes", dit Aminta Navarro, s’exprimant depuis Tegucigalpa au Honduras.

Elle s’est installée dans un bureau intérimaire dans la chambre de sa petite-fille d’où elle dirige la principale coalition hondurienne pour l’éducation. Aminta Navarro a fait carrière dans la recherche et le conseil dans le domaine de l’éducation et du développement du secteur social, et en 2000, elle a été inspirée par la conférence mondiale de Dakar sur l’éducation et a décidé de s’efforcer d’obtenir une progéniture Hondurienne – une coalition nationale de partenaires de la société civile travaillant pour défendre le droit à l’éducation pour tous. Une initiative qui, en 2003, a été officiellement enregistrée sous le nom de Foro Dakar Honduras.

L'éducation pour les communautés indigènes

La coalition continue d’influencer et de surveiller la prise de décisions gouvernementales en matière d’éducation et de veiller à ce que des plans approfondis soient en place pour développer davantage le secteur, en particulier en ce qui concerne l’inclusion des personnes actuellement vulnérables ou exclues, telles que les peuples indigènes.

"Pendant des années, les principales luttes des peuples indigènes ont été concernant le droit à la terre et aux territoires. Mais aujourd’hui, les dirigeants indigènes reconnaissent également l’importance de se battre pour une éducation de qualité. Ils jouent un rôle important et très actif dans notre coalition et nous nous efforçons d’assurer une éducation bilingue et culturellement sensible aux communautés indigènes", dit Aminta Navarro.

Selon elle, les communautés indigènes sont les plus démunies du Honduras. À bien d’égards négligés, sous-financés et négligés dans les plans nationaux pout le développement – et dans la distribution des bâtiments scolaires, du matériel scolaire, des enseignants et des budgets pour les activités extra scolaires. Une inégalité que Foro Dakar Honduras, les communautés, et les organisations de peuples indigènes travaillent main dans la main pour vaincre.

Oxfam IBIS
Seth Sidney Berry / Oxfam

"Nous avons un lien étroit avec ces communautés et nous étions très inquiets pour elles lorsque les ouragans ont été annoncés, sachant qu’ils vivent dans des endroits très exposés et dans des conditions qui ne leur sont pas très favorables. Et malheureusement, nous avons eu raison de nous inquiéter", dit Aminta Navarro.

Travailler face à l'urgence

Torche d’apprentissage 

D'une OSC à l'autre: Partager les conseils et les enseignements

Ce que je voudrais partager - Aminta Navarro: 

C'est la réaffirmation de l'importance de l'éducation - formelle et non formelle - comme clé de la transformation des sociétés et de la vie des individus. Faites-le en faisant confiance aux autres et ne renoncez jamais à votre objectif final

Ce que j’aimerais apprendre des autres

Comment faire en sorte que les décideurs se préoccupent réellement du public et du partage des biens publics - en travaillant réellement pour que l'éducation ne reste pas un privilège réservé aux minorités.

Les régions de pacifique et de la côte atlantique ont été gravement touchées par les deux ouragans de novembre et l’aide d’urgence a été lente ou n’a pas du tout pu les atteindre tous. Aminta Navarro et le conseil d’administration de Foro Dakar Honduras ont rapidement décidé de prendre leurs ressources et expériences de travail en matière de plaidoyer en faveur de l’éducation et de les utiliser pour pousser le gouvernement et la société internationale à assurer une aide humanitaire aux personnes touchées pour assurer les fonds et le soutien technique nécessaires à la reconstruction des terres agricoles, des bateaux de pêche, des maisons et des bâtiments scolaires endommagés.

"Nous n’avions aucune expérience dans les situations d’urgence, mais nous avons appris rapidement. Et certaines parties de cela reflétaient en fait notre travail habituel car il s’agissait beaucoup de recueillir des informations pour démontrer la nécessité et la rendre visible, de présenter cette information aux bonnes personnes, de proposer des solutions et de faire pression sur les décideurs – le tout pour s’assurer que ces personnes ne soient pas oubliées", explique Aminta Navarro.

Maintenant, au cours de la deuxième étape après la catastrophe, l’accent est passé de la sauvegarde immédiate des vies à la reconstruction et l’atténuation des effets à long terme tels que la faim, la pauvreté et les abus. Foro Dakar Honduras continue de canaliser la main-d’œuvre et les ressources pour soutenir directement les communautés les plus touchées tout en défendant continuellement leur cause auprès du gouvernement et des autorités locales.

"Nous poussons le gouvernement à élaborer un plan de substitution des cultures qui ont été perdues. Et afin qu’ils puissent donner la priorité à la reconstruction des maisons car le fait de se retrouver sans abri est une grave menace, en particulier pour les femmes et les filles. Nous défendons l’importance de reconstruire les écoles et de reprendre les activités éducatives dès que possible tout en incluant les mesures que le contexte pandémique exige. Et nous proposons des moyens de rendre les communautés plus résilientes face à ce genre de catastrophes, car malheureusement, cela risque fort de se reproduire", explique Aminta Navarro.

Selon elle, l’éducation est essentielle pour renforcer la résilience. L’éducation conduit au développement et à une amélioration générale des conditions de vie qui diminueront la vulnérabilité. Les avantages à court terme sont la capacité concrète de planifier et de se préparer aux catastrophes, qui peut encore être accrue si elle est intégrée dans le programme scolaire.

"Cette catastrophe a momentanément détourné notre attention, mais je dois dire qu’elle m’a aussi rassurée sur le fait que l’éducation est au cœur même du développement durable. J’espère que Foro Dakar Honduras n’aura plus jamais à faire de l’aide d’urgence et de voir des gens blessés comme maintenant. Pour garantir cela, il faut assurer l’inclusion de groupes marginalisés tels que les peuples indigènes et nous devons réformer notre système, afin qu’il crée l’égalité et la résilience", explique Aminta Navarro.

Le Honduras

Le Honduras est un pays à revenu moyen inférieur, mais le taux de pauvreté au Honduras est l’un des plus élevés des Amériques : 16,5 % en 2018 vivaient dans l’extrême pauvreté avec moins de 1,90 dollar par jour (Banque mondiale 2020) et jusqu’à 80 % de la population est confrontée à des conditions de vie précaires.

L'indice de développement humain place le Honduras à la 132ème position sur 188 pays (PNUD, 2020). En principe, l’école est gratuite et obligatoire. Mais le taux d’abandons s’est accru en raison de la pauvreté et de la mauvaise qualité. Seulement environ la moitié des enfants inscrits à l’école primaire, finissent par terminer et obtenir leur diplôme. En outre, le système éducatif de base ne couvre qu’environ 87 % des enfants, laissant plus de 10 % sans accès à l’éducation.

44 % des enfants et adolescents âgés de 3 à 17 ans ne sont pas scolarisés, les groupes les plus touchés étant ceux qui vivent en milieu rural et les adolescents âgés de 12 à 14 ans (55,1 %) et de 15 à 17 ans (74,6 %). Moins de 20% des foyers ont accès à l’internet, donc on estime qu’un million d’élèves ne seront pas en mesure de terminer l’année scolaire vu que l’enseignement et les examens sont principalement en ligne en raison de la pandémie.

Sources

UNDP: http://hdr.undp.org/en/countries/profiles/HND

World Bank: https://www.worldbank.org/en/country/honduras/overview

UNICEF: https://www.unicef.org/honduras/que-hacemos/educaci%C3%B3n-de-calidad

UNICEF: https://www.unicef.org/honduras/media/1541/file/Education on Hold.pdf