De Samoa à la Somalie : comment les organisations de la société civile transforment l'éducation
En Somalie, les trois quarts de la population ont moins de 30 ans. « La plupart ne peuvent exercer leur droit à l'éducation, à l'emploi ou au développement », explique Adam Mohamed, coordinateur de l'organisation de la société civile Education For All Somalia.
« La majeure partie du budget national est consacrée à d'autres secteurs, et non aux services sociaux et à l'autonomisation des jeunes », ajoute-t-il.
Afin d’aider à répondre aux besoins éducatifs de son pays, Mohamed a récemment suivi un cours en ligne de l’IIPE-UNESCO sur les bases de la planification de l'éducation, en tant que bénéficiaire d'une subvention d’Éducation à Voix Haute (EOL – Education Out Loud).
Il affirme que « si la société civile n'a pas la capacité de lutter pour les droits de la jeune génération, les jeunes resteront exposés aux risques de troubles civils et de pauvreté ».
Pour Mohamed, il est essentiel de comprendre et de participer à la planification du secteur de l'éducation. Il a hâte d'utiliser ses nouvelles connaissances lors du prochain forum sur l'assurance qualité de l'éducation pour accroître la transparence et la redevabilité dans l'éducation en Somalie.
Organisé entre le 18 mars et le 12 avril 2024, le cours de l'IIPE était structuré en trois modules, couvrant les aspects fondamentaux du cycle de planification de l'éducation, allant de l'analyse sectorielle à l’élaboration et au suivi des politiques.
Les participants se sont demandé comment mieux utiliser les données, les informations et l'expérience que les organisations de la société civile peuvent apporter à l'analyse sectorielle, et comment mieux refléter les préoccupations de la société civile dans la formulation des politiques éducatives, en particulier celles qui ciblent les plus vulnérables.
Comme la plupart des organisations de la société civile participant au cours étaient membres de groupes locaux d'éducation (LEG) ou des revues sectorielles conjointes, les participants ont également eu l'occasion d'échanger sur leurs contributions à ces mécanismes et de discuter des défis associés, tels que le temps consacré à la consultation, le soutien financier, la qualité et la disponibilité des données ou la coordination des efforts.
Les participants étaient divisés en deux groupes - 138 Défenseurs et 126 Champions issus de 37 pays - et se sont engagés dans des activités adaptées aux parcours d'apprentissage choisis. Alors que les deux groupes ont suivi des modules d'apprentissage interactifs et participé à des forums en ligne, les Champions ont également collaboré pour développer des plans d'action nationaux.
« Doter les acteurs de la société civile des outils et connaissances permettant une planification de l'éducation réussie est essentiel pour défendre un meilleur financement, s'assurer que les politiques éducatives sont inclusives et efficaces, et demander des comptes aux gouvernements »,
explique Muriel Poisson, conceptrice du cours et cheffe d'équipe p.i. pour la gestion des connaissances et la mobilisation à l'IIPE.
Joy Leaupepetele, directrice et coordinatrice du Samoa Education Network, explique que les organisations de la société civile comprennent les besoins et les aspirations spécifiques de la jeunesse d'aujourd'hui.
« Les organisations de la société civile peuvent demander des comptes au gouvernement pour que les promesses en matière d’éducation soient tenues. Ces organisations peuvent suivre les progrès, identifier les lacunes et prôner des améliorations », déclare-t-elle.
À défaut, ajoute-t-elle, les taux d'abandon scolaire seront plus élevés et les résultats globaux plus faibles. Elle affirme que le cours l'a aidée à mieux comprendre le système, notamment pour savoir avec qui collaborer et comment naviguer dans le système éducatif.
Pendant le cours, Diane Coury, spécialiste de programme à l'IIPE, a expliqué comment les organisations de la société civile peuvent participer de manière fructueuse au cycle de planification, et apporter une expertise et des idées pertinentes pour co-construire une vision commune des besoins et des stratégies en matière d'éducation.
« Les organisations de la société civile jouent un rôle majeur dans la collecte et l'analyse des données sur les groupes marginalisés et peuvent relayer ce à quoi elles sont confrontées », a-t-elle déclaré lors d'un webinaire en direct pendant le cours.
Enfin, lors du dernier webinaire en direct organisé dans le cadre de la formation, les participants ont pu en apprendre plus sur les centres régionaux du KIX et comment ils peuvent aider la société civile à accéder, à produire et à utiliser des données de recherche en éducation.
Dans une enquête réalisée après le cours, les participants ont exprimé une confiance nettement accrue (98 % contre 51 % avant le cours) pour identifier des stratégies de plaidoyer en faveur de politiques éducatives clés qui s'attaquent aux principaux défis éducatifs.
Cela permet aux participants de jouer leur rôle important de « gardien », en contribuant à améliorer la redevabilité et la transparence pour une meilleure prestation de services éducatifs.
Joy Leaupepetele est du même avis : « En suivant ce cours, nous sommes mieux placés pour tirer parti de notre subvention EOL et faire une réelle différence.
« Je comprends le paysage éducatif, je peux défendre de manière stratégique les besoins de notre communauté et collaborer efficacement avec les autres pour façonner un avenir meilleur pour l'éducation samoane », dit-elle.
L’IIPE a organisé cette formation en tant que partenaire d'apprentissage mondial d'Éducation à Voix Haute.
Cet article a été publié à l'origine sur le site web du IIEP, lire l'article original ici.