Mozambique : deux adolescents sauvés d’un mariage précoce grâce à l’action communautaire

Dans le district de Lugela, au Mozambique, un couple d’adolescents s’est retrouvé confronté à la perspective d’un mariage précoce en raison d’une grossesse non planifiée, ce qui aurait signifié la fin de leurs études. Grâce à l’intervention rapide des autorités locales, d’éducateurs et des défenseurs des droits des jeunes du Kuyenda Collective une seconde chance leur a été donnée.

Les noms des enfants cités dans cet article ont été changés pour protéger leur identité.

Au cœur du district rural de Lugela, niché dans la province de Zambésie au Mozambique, deux adolescents se sont retrouvés face à un tournant décisif et une décision qui allait déterminer le cours de leur vie.

À seulement 15 ans, Maria et son petit ami Carlos, ont dû faire face à la dure réalité d’un mariage précoce survenu à la suite d’une grossesse non planifiée. Dans de nombreuses parties de cette région, cela aurait pu mettre un terme à leur parcours éducatif.
« Les adolescents qui se retrouvent dans de telles situations sont souvent contraints d’abandonner l’école, leur avenir étant dicté par des pressions culturelles. » Cristiano Munguambe, Chef de projet au sein du Kuyenda Collective

Cependant, leur histoire a pris une tout autre tournure lorsque le père du garçon, désireux de trouver une autre solution, a présenté leur cas au chef de la communauté locale. Cette démarche a conduit à une intervention qui a permis de sauver les deux adolescents d’une vie pour laquelle ils n’étaient pas prêts.

Initialement, les familles des adolescents envisageaient le mariage comme la seule issue possible.

Toutefois, grâce aux discussions menées avec le point focal chargé des questions de genre au sein du département de l’Éducation du district, la direction du lycée d’Alto Lugela, ainsi qu’avec les représentants du Centre for Learning and Capacity Building (CESC) — un collectif de jeunes issus de milieux ruraux et membre du projet Kuyenda Collective, soutenu par L’Éducation à voix haute — les familles ont été sensibilisées aux droits des enfants et à l’importance de l’éducation.

Peu à peu, les deux familles ont pris conscience que le mariage n’était pas la solution.

Lutter contre le mariage des enfants et l’abandon scolaire précoce fait partie des actions menées par les partenaires du projet visant à promouvoir l’accès à une éducation de qualité pour tous.

Lorsque le cas de ces deux adolescents leur a été présenté, ils ont déclenché une action collective pour empêcher ce mariage précoce et garantir que les adolescents puissent rester à l’école, poursuivre leur parcours éducatif et améliorer ainsi leurs perspectives d’un avenir meilleur.

« De nombreuses personnes se sont mobilisées pour donner à ce jeune couple la possibilité de rester à l’école et de réaliser leurs rêves. Le directeur du lycée va adopter une approche inclusive afin de garantir que Maria soit bien accueillie et intégrée en classe, tout au long de sa grossesse et après la naissance du bébé, illustrant ainsi les valeurs et les comportements qui permettent aux élèves enceintes de poursuivre leur apprentissage. Les parents de Maria s’occuperont du bébé tandis que ceux de Carlos les soutiendront financièrement, même si cela reste très inhabituel dans les cas où le jeune couple ne se marie pas », explique Cristiano Munguambe.

Grâce à cette approche collective, le mariage arrangé a été annulé.
« Je me sens soulagée et heureuse. Je suis sur le point de terminer mes études secondaires et j’espère m’inscrire à l’université. » Maria

Au Mozambique, les grossesses précoces sont une cause majeure d’abandon scolaire au lycée. Selon des rapports récents , le pays présente l’un des taux d’abandon scolaire les plus élevés de la région : en effet, 38 % des filles âgées de 15 à 19 ans tombent enceintes.

Dans de nombreux cas, les grossesses entraînent un mariage précoce et les filles se voient contraintes d’abandonner l’école et d’assumer le rôle d’épouse et de mère, souvent avant d’en être prêtes. Alors que les garçons peuvent poursuivre leur apprentissage après être devenus pères, les filles voient leurs opportunités considérablement réduites car de nombreuses écoles expulsent les élèves enceintes ou les poussent à abandonner l’école.

Aux yeux du Kuyenda Collective, le rôle de l’action communautaire en faveur de la protection des droits des enfants, y compris des droits à l’éducation, est primordial. Le cas de ce couple d’adolescents du district de Lugela, est un exemple probant de l’efficacité d’un plaidoyer fondé sur l’action communautaire pour défendre le droit à l’éducation.

En agissant rapidement et de manière collaborative, les autorités locales, le lycée ainsi que le collectif de jeunes ont permis d’empêcher le mariage précoce et ont offert à Maria et Carlos l’opportunité de poursuivre leurs études.

Le Kuyenda Collective œuvre afin de garantir que le droit à l’éducation ne soit pas qu’un principe sur le papier, mais une réalité tangible, surtout pour les jeunes issus des milieux ruraux.

Par le biais de mesures de sensibilisation, de renforcement des capacités ainsi que de partenariats stratégiques à tous les niveaux, le collectif vise à démanteler les obstacles socio-culturels tels que le mariage des enfants, et accompagne les écoles et les communautés afin qu’elles puissent créer des environnements d’apprentissage inclusifs et sûrs pour chaque enfant.

Cet article a été initialement publié sur le site web de GPE. Lire l’article original ici.