Faire face au changement politique : l'expérience de la société civile en Zambie

Author
George Hamusunga, Zambia National Education Coalition
Main image
Students at Bethel Primary School in Katete District learn literacy skills during the "Catch Up Program" at school
UNICEF/UN0855190/Schermbrucker
Les élèves de l'école primaire de Bethel, dans le district de Katete, apprennent à lire et à écrire dans le cadre du programme de rattrapage scolaire.

Le soutien de l’Éducation à voix haute du GPE à la Coalition nationale pour l'éducation en Zambie (ZANEC) a contribué à renforcer la volonté politique et définir les priorités du gouvernement en matière d’éducation. Une expérience qui pourrait inspirer les organisations de la société civile d'autres pays.

Depuis son indépendance en 1964, la Zambie a évité les guerres et autres soulèvements. Toutefois, en 2011, la réputation de la Zambie en tant que pays politiquement stable a été mise à l'épreuve lorsque le nouveau gouvernement a menacé la liberté de l’espace civique.

Le travail stratégique des organisations de la société civile (OSC) a été menacé tout au long de la décennie jusqu'en 2021, lorsque le gouvernement nouvellement élu a réaffirmé les droits démocratiques.

Des décennies de stabilité transformées en restrictions

In 2011 Zambia faced a period of restricted civic space. A newly elected government then used retrogressive legal frameworks such as the Public Order Act and the 2019 NGO Act to impede and restrict citizens' right to freedom of expression, peaceful assembly and demonstrations that were guaranteed in the national constitution.

In parallel, CSO leaders faced threats for alleged non-compliance with government requirements resulting in, among others, excessive discretion of the State in dictating CSO activities.

En 2011, la Zambie a connu une période de restriction de l'espace civique. Un gouvernement nouvellement élu a alors utilisé des cadres juridiques rétrogrades tels que la loi sur l'ordre public et la loi sur les ONG pour entraver et restreindre le droit des citoyens à la liberté d'expression, de réunion pacifique et de manifestation, garanti par la constitution nationale.

Parallèlement, les dirigeants des organisations de la société civile (OSC) ont fait l'objet de menaces pour non-respect présumé des exigences du gouvernement, ce qui a entraîné, entre autres, un pouvoir discrétionnaire excessif de l'État pour dicter les activités de ces organisations.

La limitation de l'espace civique a atteint son paroxysme en 2016-2017, lorsque des militants d'organisations de la société civile ont été arrêtés pour avoir exigé la nécessité de rendre compte au public et un contrôle accru des dépenses du gouvernement, en particulier des processus de passation des marchés publics.

En conséquence, certains dirigeants de ces organisations ont été arrêtés. Des journalistes ont également été poursuivis pour avoir accédé à des informations publiques présumées interdites et les avoir publiées. Trois stations de radiodiffusion privées ont vu leur licence suspendue, tandis que certains membres de l'opposition ont été arbitrairement détenus.

La Zambie étant un pays démocratique dans lequel les libertés d'expression, de réunion et de manifestation des citoyens sont garanties par la Constitution et les traités régionaux et internationaux relatifs aux droits de l'homme, les actions de l'ancien gouvernement ont dominé le discours national, détournant l'attention des débats sur la fourniture de services sociaux, y compris l'éducation.

Une approche stratégique

À cette époque, les organisations de la société civile ont travaillé en étroite collaboration avec l'actuel président Hichilema, le soutenant en tant que chef de l'opposition alors qu'il était victime d'abus, notamment de 120 jours d'incarcération. Cela a permis au président Hichilema d'établir une relation solide avec la société civile, faisant de lui un défenseur de la plupart des positions de la société civile une fois qu'il est devenu président.

Bien que l'alignement excessif de certains activistes sur le nouveau gouvernement ait terni les voix de la société civile, de nombreuses organisations, dont L’Éducation à voix haute, soutenue par la Zambia National Education Coalition - ZANEC (Coalition nationale pour l'éducation en Zambie), ont tiré parti de la volonté politique du nouveau gouvernement et ont publié des déclarations convaincantes sur ce qu'elles attendaient du nouveau gouvernement immédiatement après les élections.

Cela a permis de donner le ton des principales priorités en matière d'éducation qui devaient être abordées par le nouveau gouvernement, comme en témoignent les déclarations politiques qui ont suivi.

L'engagement indéfectible de la société civile en faveur de la démocratie

Les élections générales tenues en 2021 ont apporté des changements positifs à la situation politique en Zambie. Le nouveau gouvernement a ouvert les espaces civiques localement et le dialogue public en introduisant des changements politiques majeurs tels que la promulgation de la loi sur l'accès à l'information et la suppression de la disposition légale sur la diffamation du président.

Le nouveau gouvernement s'engage également directement auprès des organisations de la société civile. Les ministères participent à des réunions organisées par la société civile, telles que des symposiums sur le budget, des dialogues politiques et des commémorations d'événements. De même, le gouvernement invite la société civile à apporter des contributions techniques et financières à des activités importantes.

La société civile participe et contribue également librement à la mobilisation des groupes locaux partenaires de l'éducation, connus localement sous le nom de « policy implementation and technical committee » - PITC (comité technique et de mise en œuvre des politiques).

Ce comité est la plateforme suprême de dialogue politique de la Zambie qui rassemble les principales parties prenantes de l'éducation, à savoir le gouvernement, les organisations de la société civile et les partenaires de coopération, afin de discuter et d'aborder les questions pertinentes relatives au secteur de l'éducation en Zambie.

La société civile peut également tenir des conférences de presse sans être sanctionnée par le gouvernement ou obligée de révéler ses sources de financement.

Grâce à ces efforts, la Zambie est devenue le troisième pays le plus démocratique parmi neuf nations confrontées à la menace d'un régime autocratique, selon le rapport 2024 sur la démocratie de l'institut Varieties Democracy.

Qu'est-ce que la Zambie peut enseigner aux organisations de sociétés civiles d'autres pays ?

  1. Même sous les régimes autocratiques, les organisations de la société civile peuvent influencer avec tact les leaders politiques prometteurs de l'opposition, afin de s'assurer qu'ils mettent en œuvre des politiques fondamentales délaissées par leurs prédécesseurs une fois qu'ils auront pris le pouvoir.
  2. L'alignement des organisations de la société civile sur les partis politiques d'opposition peut entraîner des conséquences désastreuses à court terme et doit donc se faire avec le plus grand discernement, la neutralité étant l'option la plus durable et la plus efficace à long terme.
  3. Avec de la volonté politique, il est possible pour tout gouvernement d'ouvrir l'espace civique sans craindre de perdre le pouvoir.
  4. Un nouveau gouvernement représente une excellente occasion pour les organisations de la société civile de faire part de leurs demandes en matière de politique, car la plupart des gouvernements sont plus susceptibles d'être réceptifs dans les premiers jours de leur arrivée au pouvoir.
     

Cet article a été publié à l'origine sur le site web du GPE, lire l'article original ici.